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La tendance comme guide pour la relance touristique

Tendance relance touristique

La tendance s’est modifiée depuis la pandémie. Elle a ébranlé le domaine touristique et Montréal n’a pas été épargné. Peut-être est-ce le moment de revoir son positionnement, selon les nouvelles tendances touristiques, pour acquérir de la récurrence et de la répétition?

Bonjour,

Je suis votre hôte, Julie Lapointe, et bienvenue à cet épisode du balado Ère d’entreprise.

L’objectif d’Ère d’entreprise c’est d’analyser l’évolution des systèmes d’affaires par rapport aux tendances passées, actuelles et futures. Ce que l’on tente de mettre en lumière c’est l’impact de ces tendances sur les évolutions du marché et sur les cycles de développement des affaires. Est-ce que les grandes révolutions commerciales et industrielles ont initié les tendances ou en ont été une réaction? 

Ère d’entreprise analysera des bouleversements du passé selon des thèmes mensuels par le biais d’un épisode par mois et d’une mini-capsule hebdomadaire qui sera disponible sur l’ensemble des plateformes web. 

Je vous invite donc à suivre mon compte LinkedIn personnel, sous l’adresse evolutionentrepreneuriale, pour avoir accès à ces capsules, et bien évidement la page web de ce balado, eredentreprise.ca. 

Aujourd’hui, au milieu de cette période de déconfinement, la reprise économique est au cœur des discussions politiques. Le sujet principal est évidement celle des secteurs les plus touchés, soit le tourisme et le commerce. Comment les centres-villes désertés depuis plus d’un an pourront revivre au rythme des visiteurs et des travailleurs?

Les tendances touristiques en temps de pandémie

Le Québec a passé à travers plusieurs pandémies depuis sa colonisation. Que ce soit la peste, le choléra, la variole, la grippe espagnole, et plus récemment, la grippe H1N1 et évidemment la Covid-19. Cette dernière a été la seule qui a entraîné un couvre-feu et la fermeture complète des commerces, les précédentes ayant fait l’objet d’avis publiques et de restriction des heures d’ouvertures seulement. Toutefois, la fermeture des écoles a déjà été un outil utilisé à quelques reprises par les autorités. 

Les conséquences négatives ont largement été répertoriées, mais souvent, ces pandémies sont à l’origine d’une amélioration des normes sanitaires et du système de santé. La grippe espagnole a d’ailleurs été à l’origine de la mise en place du premier Ministère de la santé. De même que de la construction de plusieurs centre hospitaliers, tels que Ste-Mary’s et Notre-Dame.

D’autres pandémie

On peut toutefois difficilement comparer ces grandes pandémies, les unes avec les autres. Par exemple, la grippe espagnole ayant coïncidé avec la fin de la deuxième guerre mondiale, il est difficile de bien établir quelles conséquences sont dûes auquel de ces deux évènements.

Une autre différence rend cette comparaison difficile, soit celle de l’âge moyen des victimes de ces pandémies. Les guerres et les pandémies précédentes affectaient davantage la population active. Celle de la COVID-19 a ravagé la tranche d’âges des 65 ans et plus, soit majoritairement des individus qui ne sont plus actifs sur le marché du travail. Cet écart, en plus de la robotisation et l’utilisation des technologies en usine, influenceront certainement la vitesse à laquelle l’économie se remettra de ce choc sanitaire. La production n’a jamais été menacée contrairement aux précédents bouleversements épidémiques.

Ces tragédies sont aussi à l’origine de petites révolutions. De nouvelles façons de faire y prennent naissance, des investissements majeurs sont faits. Dess innovations qui ont vu le jour dans le cadre des ces moments difficiles participent à l’évolution des marchés. Lesquelles resteront dans notre quotidien dans les prochaines années?

Les défis de Montréal

Il va sans dire que le tourisme a été durement touché, certainement davantage que certains autres domaines, puisqu’il est difficilement adaptable à distance, tel que les restaurants. La reprise sera un long chemin à parcourir et cette ascension sera faite graduellement, dépendamment des prochaines humeurs de la pandémie. De plus, la compétition sera rude. Les attraits de toutes les destinations étant en lice pour rapatrier leur part de marché et même plus, si possible.

Que feront nos grands centres urbains dans ce nouvel environnement, et quel sera le rôle des régions dans la réacquisition de nos marchés?

Montréal et Québec ont toujours joué un rôle phare dans l’attraction du tourisme au Québec. En tant que villes historiques et majeures de la province, il est naturel que ces dernières aient une part importante du marché. Toutefois, les régions jouent certainement un rôle fondamental dans la diversification de l’offre de services. Elles peuvent certainement soutenir un positionnement différent qui attirera une clientèle en quête d’expériences régionales.

Montréal

En particulier, Montréal aura des défis pour maintenir son statut de ville touristique. Déjà, le gouvernement fait des offres spéciales pour tenter de soutenir cette reprise dans la métropole. En offrant des rabais supplémentaires aux futurs visiteurs, le gouvernement reconnaît la difficulté que représente le retour des touristes dans la région. Suivant la même tendance que ses résidents, l’île voit aussi ses visiteurs s’exiler vers les régions.

La COVID a eu une influence sur cette situation, mais il faut aussi considérer d’autres facteurs. Cette tendance a fort probablement été accélérée par la pandémie. Toutefois, Montréal vivait déjà un déficit démographique et bataillait fort pour maintenir le tourisme. La construction, autant d’habitations que municipale et provinciale et les difficultés des rues marchantes sont des exemples des pressions qui étaient et sont toujours exercés sur la qualité de vie montréalaise. 

L’expérience-client

Montréal a toujours été reconnu pour son expérience de magasinage sur plusieurs artères de la ville, tel que Saint-Laurent, Saint-Denis, St-Hubert et évidemment, Sainte-Catherine.

Au début des années 2000, près de 33 000 personnes parcouraient la rue Sainte-Catherine quotidiennement, dont parmi plusieurs touristes. Cette artère était une destination en soit, reconnue pour son magasinage extérieur. Aujourd’hui, lorsqu’on parcourt cet itinéraire, on croise autant les grandes bannières que des locaux vides. Les chantiers de construction sont très présents, et limitent l’accès à plusieurs autres.

Bien que ces derniers soient essentiels pour le développement et l’entretien municipal, leurs conséquences sont sans appel. Sainte-Catherine a perdu de son attrait, et les autres rues bien connues, ont précédé cette dernière. Il s’agit donc là encore de l’accélération d’une tendance présente depuis bien longtemps, et le défi de rapatrier les marcheurs et les consommateurs dans les rues de Montréal en sera un de taille.

Les évènements

La reconnaissance du problème a été clairement énoncé par les deux paliers de gouvernement, soit provincial et municipal. Des initiatives ont été mises en place, dont la transformation de Sainte-Catherine en rue piétonne les fins de semaines, les terrasse extérieures, minispectacles dans les rues et j’en passe. Jusqu’à maintenant, ma propre constatation des faits mettrait facilement les Canadiens de Montréal comme l’attrait le plus incitatif.

Rassembleurs, les matchs sont des évènements uniques et ainsi motivent les partisans à venir en ville pour un moment qui ne peut pas être déplacé. C’est que ce que l’on pourrait appeler un sentiment d’urgence, si nous ne sommes pas à un endroit annoncé à un moment précis, nous allons manquer cet événement qui ne sera jamais répété dans le temps.

C’est donc dire que l’évènement doit être assez intéressant pour motiver les gens à se déplacer et fournir l’implication qu’il demande. Je doute qu’un cracheur de feu, aussi bon soit-il, détient ce pouvoir d’attraction. Une terrasse est toujours agréable, mais ne mobilisera pas une personne à affronter la congestion routière pour s’y rendre, surtout que demain est toujours possible.

En plus de ce sentiment d’urgence, il est nécessaire d’avoir une récurrence. L’objectif doit être d’encourager les banlieusards à venir à Montréal lors des fins de semaine, pour y vivre une expérience. La perception des potentiels visiteurs est que Montréal est trop loin, le stationnement difficile et qu’au final, nous aurons toujours l’occasion de s’y rendre. On les voit donc se diriger vers les régions, la Capitale-Nationale ou alors leur chalet et leur cours arrière. Montréal n’est plus un attrait pour les Québécois. La preuve étant le dernier sondage présenté par Radio-Canada, la métropole n’est plus dans le top 5 des destinations prisées par les Québécois.

Un plan d’attraction

Alors, pourquoi injecter des sommes considérables dans des évènements sans grand pouvoir d’attraction. Il est certain que nous ne contrôlons pas les victoires du Canadien.Bien que l’évènementiel soit certainement une clé importante, l’expérience est aussi un élément à considérer.

Retournons pour un moment sur la rue Sainte-Catherine. Les nombreux espaces vacants sont certainement un aspect négatif sur l’expérience de magasinage. Les commerces fermés réduisent les options, mais encore plus important, réduisent considérablement la qualité générale de l’expérience. La rue est moins intéressante, moins captivante et privée de l’inspiration locale. En grande majorité, seules de grandes bannières ont encore pignon sur rue. Le commerce typique, de la région, les spécialistes d’objets de niche, l’artisanat, le petit marchand, tous ont disparus de nos rues. Sainte-Catherine est maintenant une allée marchande grand publique, et en partie abandonnée.

Les initiatives actuelles

Les fonds injectés pour lui redonner vie sont éphèmères et passe complètement à côté de la cible. Ces sites sont intéressants, si nous sommes déjà sur place. Mais motivera-t-il un visiteur à venir exclusivement pour sa visite. Pourquoi? Parce que l’expérience principale est le magasinage, et cette dernière n’est plus aussi intéressante. La visite du Carrefour Laval offre des avantages similaires sans les casse-têtes de venir au centre-ville.

Alors, pourquoi ne pas avoir investi dans la renaissance de cette artère commerciale et habiter les espaces vides?  Les commerçants de la région n’ont pas nécessairement les moyens financiers d’y résider en permanence. Ils auraient pu bénéficier de fonds spéciaux pour leur permettre d’y présenter leurs produits. Cela aurait eu plusieurs avantages. Offrir aux propriétaires des revenus temporaires et éviter d’avoir un local abandonné, permettre aux petits entrepreneurs de se faire connaître et de croître leur entreprise. En plus de permettre à Sainte-Catherine de se réaproprié sa mission, offrir une expérience de magasinage unique. 

Sainte-Catherine

Sainte-Catherine a un rôle majeur dans le positionnement de Montréal, mais la ville doit aussi distinguer son offre des autres métropoles. Souvent, les tourismes en recherche de leur chemin, demande les directions pour le Montréal sous-terrain, les parcs ou autres attraits pour lesquels les Montréalais ont perdu, ou tout simplement jamais vu, l’intérêt de les fréquenter.

L’expérience du visiteur, ou du résident, doit être globale et ne peut être seulement une ou deux rues. Plusieurs options doivent être offertes pour permettent la récurrence. Chaque présence dans la ville doit avoir une possibilité d’être différente de la dernière. Un des trésors cachés de Montréal est ses ruelles. Destinées aux livraisons commerciales dans leur jeune temps, elles sont encore aujourd’hui typiques, romantiques et surtout largement sous-exploitées.

Alors que quelques-unes d’entre elles ont bénéficié d’une cure d’embellissement, souvent de l’initiative citoyenne, les ruelles vertes ont fait leur apparition. Ces dernières ont toutefois un potentiel inexploité pour des terrasses, commerces, bar de toutes sortes….  Nous avons qu’à penser à la Rue du Trésor de Québec. Elle fait aujourd’hui partie intégrante de la visite de tout touriste qui visite le Vieux-Québec.

Une idée de ruelle

Une idée unique serait d’en faire des allées de bouquinerie. On aurait qu’à imaginer une allée qui rassemble les librairies spécialisées, ou alors celles de livres usagés, pour créer une atmosphère unique avec des kiosques de cafés glacés…. Une telle initiative n’aurait-elle pas eu une meilleure écoute qu’un carré de sable pour simuler une place urbaine? Surtout que la lecture a certainement connue une croissance de popularité lors de la dernière année…

La compréhension des tendances et du positionnement de produits est nécessaire pour faire d’une campagne un succès. Les évènements ont certainement une valeur très importante, surtout quand l’on parle de festivals. Toutefois, le tourisme est au-delà d’une soirée de musique. Il est surtout en lien avec les activités disponibles, l’accessibilité et surtout l’exclusivité. Ce que l’on veut faire durant nos temps libres n’est certainement pas ce que l’on fait dans notre quotidien. Si nous nous déplaçons à Montréal tous les jours pour le travail, l’intérêt n’est pas d’y retourner lors de nos vacances. Le meilleur moyen de ne pas visiter une ville, est d’y habiter.

L’expérience doit donc être facile, disponible en tout temps, mais surtout unique.  

Les régions prendront leur place dans l’échiquier touristique et il est fort à parier que cette dernière n’ira pas en diminuant. Montréal devra chercher sa place et rebâtir sa réputation de ville active. Elle devra le faire non seulement auprès de sa clientèle touristique mais aussi de ses habitants. La culture d’ici doit y être davantage représentée et elle doit être intégrée à l’offre touristique. Un plan marketing de cette dernière doit donc être développé.

En conclusion

Pour aller un peu plus loin dans les sujets abordés aujourd’hui, n’oubliez pas de prendre connaissance des capsules hebdomadaires. Elles seront diffusées les mercredis sur l’ensemble des plateformes numériques, LinkedIn, Twitter et Facebook d’Unicorne et d’Ère d’Entreprise. En plus de ma page personnelle LinkedIn à l’adresse évolutionentrepreneuriale.

Les sujets abordés dans les cinq prochaines semaines seront : l’histoire de Sainte-Catherine, l’avenir des tours à bureaux, un dossier plus détaillé sur les ruelles de la ville, l’après-festival et finalement, le 28 juillet, la prévision des risques.

C’est cette thématique qui sera reprise le mois prochain. Pour chaque entreprise en démarrage, un plan d’affaire doit être fait. Mais quelle est la réelle valeur prédictive de ce dernier ou des études de marché qui visent à prévoir la demande pour un produit ou service?

Le succès d’une idée passe-t-il davantage par sa définition?

Merci d’avoir partagé ces moments avec moi. Je vous rappelle nos adresses : èredentreprise.ca et unicorne.ca. On se revoit le dernier vendredi de juillet, soit le 30 juillet prochain.