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Quand rien ne va plus, la vie continue

L’échec d’une entreprise est un risque réel et lourd de conséquence. Il est toutefois inévitable dans certains cas.

Introduction : Quand rien ne va plus, la vie continue

Bonjour,

Je suis votre hôte, Julie Lapointe, et bienvenue à ce quatrième épisode du balado Ère d’entreprise.

L’objectif d’Ère d’entreprise est d’analyser l’évolution des systèmes d’affaires par rapport aux tendances passées, actuelles et futures. Ce que l’on tente de mettre en lumière, c’est l’impact de ces tendances sur les évolutions du marché et sur les cycles de développement des affaires. Est-ce que les grandes révolutions commerciales et industrielles ont initié les tendances ou en ont été une réaction? 

Ère d’entreprise analysera des bouleversements du passé selon des thèmes mensuels par le biais d’un épisode par mois et d’une mini-capsule hebdomadaire qui sera disponible sur l’ensemble des plateformes web. 

Je vous invite donc à suivre mon compte LinkedIn personnel, sous l’adresse evolutionentrepreneuriale, pour avoir accès à ces capsules et bien évidemment la page web de ce balado, cestmaintenant.ca. 

Dans cet épisode

Plusieurs entreprises, à chaque stade de développement, éprouvent des difficultés à un moment ou à un autre. On a vu dans les dernières années des bannières centenaires, bien établies et reconnues devoir cesser leurs activités ou se placer sous la protection de la loi pour être en mesure de se restructurer. Le domaine du commerce au détail a été particulièrement touché, et ce, bien avant la pandémie.

Cette réalité affecte surtout les entreprises qui nécessitent le maintien d’inventaire et donc une bonne liquidité. Lorsque les ventes sont dans un creux, la fragile relation entre marge de crédit, entrées de fonds et la faible rotation des inventaires qui atteignent leur date limite de paiement crée rapidement un gouffre qui devient difficile à gérer.  Quels sont les signes avant-coureurs et les facteurs qui font que certaines entreprises réussissent à se repositionner alors que la majorité d’entre elles échouent?

Les réalités de l’échec

L’échec est une partie importante de la vie. Alors que son passage laisse souvent des marques et est redouté de tous, il est aussi un déclencheur vers une période d’apprentissage et d’évolution. Et ce, tant sur le plan personnel que professionnel. Pour l’entreprise, l’échec se solde souvent par sa fermeture, surtout pour une PME, car elles offrent peu de marge de manœuvre pour une restructuration. 

Les recherches démontrent que la principale raison de l’échec commercial est le manque de connaissance en gestion. Toutefois, plusieurs autres raisons peuvent causer cette situation. Peu importe si elles sont hors du contrôle de la direction ou non, les conséquences pour l’entreprise seront les mêmes. Toutefois, les conséquences sur le plan personnel seront bien différentes. Par exemple, dans le cas de fraude, les responsables subiront les retombées judiciaires de leurs actions.

En regard des PME, l’échec va au-delà de la disparition de l’entreprise. La situation est synonyme de pertes importantes pour les investisseurs, mais aussi de détresse émotionnelle pour les propriétaires. Ces derniers ont souvent investi énormément de temps dans leur projet et il était pour plusieurs un projet de vie. Cela est sans compter les entreprises familiales qui représentent la rente des fondateurs et l’héritage des futures générations.

Une fois face à l’échec, les raisons sont donc secondaires. Le deuil doit être traversé et la vie doit reprendre son cours.

Les conséquences

Dans les cas où des grandes entreprises sont concernées, à moins d’un cas de fraude, la direction n’aura que peu de conséquences. Les très grandes entreprises, sauf exception, sont celles qui auront le plus de chance de passer à travers un processus de restructuration. Souvent soutenu par les gouvernements, ou dans la possibilité de se départir d’actifs, l’avantage du public est qu’elles soient sauvegardées. C’est dans ce contexte qu’elles passeront à une nouvelle étape de leur existence, qui souvent sera un nouveau départ profitable.

Un bel exemple est la faillite d’American Airlines en 2011. Après deux ans de restructuration ellefusionne avec US Airways. Cette nouvelle version est devenue une des plus rentables sur le marché post-COVID. Redevenu un fleuron américain, leur passage à vide s’est transformé en un cas d’école synonyme de succès.

Chrysler, en 2009, a déposé son bilan au montant de 39 milliards. L’entreprise s’est finalement soldée par la vente d’une partie de son actionnariat à Fiat.

GM, entreprise emblématique américaine du domaine automobile, a enregistré une faillite de 82 milliards en 2009. Elle est essentiellement dû à une mauvaise gestion de la dette et une diminution des ventes. Le gouvernement a permis sa relance. Ce soutien a été fait en parallèle avec une restructuration sévère des actifs pour en venir à assurer son existence.

Toutes les entreprises ne sont donc pas égales face à l’échec.  

La petite entreprise

Dans les faits, plus l’entreprise est petite, plus elle éprouvera des difficultés à se restructurer. Dans ce contexte, les fournisseurs, les banques et les clients seront souvent plus impatients et moins compréhensifs. D’un autre côté, se sont souvent eux aussi des intervenants qui fonctionnent dans le cadre d’une PME. Elles disposent donc de moins de tolérance au risque.

Au Québec, le monde des PME québécoises est petit. Dans ces entreprises, le lien d’affaires est souvent directement établi avec le propriétaire. Cela implique donc que la restructuration sera très difficile puisque la confiance en l’entreprise sera compromise. Cette dynamique suivra le propriétaire personnellement, si sa volonté est de redémarrer dans le même domaine d’affaires. Il devra donc faire preuve de résilience et analyser l’ensemble de ses options et des obstacles auxquels il devra faire face avant de se lancer de nouveau.

Les conséquences sur l’équipe de management sont donc elles aussi très inégales face à l’échec.

Les échecs tristement célèbres

Plusieurs grandes entreprises sont passées à l’histoire tant pour leurs succès que la chute qui a suivi. Certaines d’entre elles sont plus mémorables et pas nécessairement pour les bonnes raisons. D’autres ont davantage représenté une période de transition vers un réajustement à des nouvelles normes du marché. L’évolution de ce dernier est d’ailleurs souvent responsable de cette période entrepreneuriale difficile. Nous n’avons qu’à penser à HMV et Blockbuster ou Bouclair.

La plus grande faillite de l’histoire est celle de Lehman Brothers. Cette dernière est arrivée lors de la crise financière américaine de 2008. D’un total de plus de 690 milliards, elle s’est tristement inscrite comme la figure publique de cette dérive du système bancaire américain. Dans ce contexte, le gouvernement ne s’est pas porté au secours de l’entreprise elle-même, mais a plutôt soutenu le système dans son ensemble. 

Dans cet exemple, il a fallu un évènement financier sans précédent et l’écroulement du système hypothécaire pour amener cette entreprise à sa conclusion. Ces évènements, d’ampleur et d’origines différentes, sont souvent responsables d’une vague de fermetures d’entreprises. L’avènement du commerce électronique est un de ses événements et il a amené un nombre impressionnant de victime. Ceci a aussi coïncidé avec l’apparition de la COVID, donc il est difficile de distinguer les impacts attribuables à chacun d’eux.

Entre 2017 et 2020, Sears, Reitmans, Frank & Oak, Aldo, DavidsTea, Cirque du soleil, Tristan, Le Château, MEC, ToysRus, Payless et Sail sont des exemples des conséquences catastrophiques de ces derniers bouleversements. Alors que d’autres reprendront certainement leur vitesse de croisière, telle que le Cirque du soleil qui détient toujours ses contrats de production, Le Château vient de vendre ses derniers actifs et finaliser sa liquidation.

Les facteurs de responsabilité

D’autres facteurs, moins circonstanciels, sont responsables de la fin de vie d’une entreprise. Ainsi, la fermeture peut être due à de l’évitement judiciaire. Sans être de la fraude, cela permet de se libérer des résultats désastreux d’une action judiciaire, telle qu’un recours collectif. Un bel exemple est la Pacific Gaz & Electric Company. Rendu célèbre au Canada par le film Erin Brockovich, cette entreprise a fait face à plusieurs revers judiciaires pour la contamination des eaux et des feux majeurs en Californie. Devant payer des montants exorbitants, la faillite a été mise en application en 2001.

L’entreprise a refait surface en 2004 et cette renaissance a été exemptée de ces montants dûs. On ne devra pas se surprendre si le même scénario se répète avec les entreprises pharmaceutiques responsables de la crise des opiacés. Alors qu’elles doivent répondre à des poursuites majeures en tant que grandes responsables de la situation, il deviendra inévitable qu’elles rencontrent le fond de leur compte en banque dans un avenir relativement proche.

Leur comportement est inexcusable, mais les poursuites mirobolantes auxquelles elles sont exposées sont insurmontables. La réalité est que ces entreprises referont surface par un moyen quelconque et que le processus fera en sorte que les victimes seront dédommagées au minimum, si elles le sont. 

Des jugements irréalistes

Dans ces cas, est-ce que le problème provient des jugements dont les montants de dédommagement rendent impossible la poursuite des activités de ces entreprises? Alors qu’elles doivent payée pour les actions qu’elles ont commises, est-ce que des montants réalistes et payés rapidement serait plus salutaire que ceux promis qui ne viendront peut-être jamais?

On ne sait toujours pas quelle direction prendra la conséquence pour les gestionnaires ou le conseil d’administration de ces pharmaceutiques et même s’il y en aura. Quoiqu’il en soit, le fardeau de responsabilité et du risque diminue de façon inversement proportionnelle à la croissance de l’entreprise. Pourtant, le geste, lui, demeure le même dans sa gravité.

Dans le sport municipal

Tel que discuté dans le dernier épisode, ce manque de responsabilité est aussi présent dans les investissements publics pour, entre autres, le sport. Si on reprend l’exemple du Centre Vidéotron ou alors, de l’emblématique Stade Olympique, ces projets sont des échecs commerciaux qui survivent par l’argent public. C’est donc dire qu’elles font partie de ces grandes institutions qui ne peuvent pas être remises en question auprès du public.

Quoiqu’il en soit, celles qui réussiront leur restructuration seront celles qui possèdent des actifs, une réputation et qui sont des acteurs majeurs de leur domaine d’affaires. Ces facteurs facilitent la transition, mais ne sont pas synonymes de réussite. Certaines entreprises avec des moyens plus réduits réussiront l’exploit de se réinventer, et il faut certainement leur offrir notre soutien et admiration. 

Les cas de fraude

La décision de se placer sous la protection de la loi et envisager la fermeture est souvent stratégique. Pour les petites entreprises, il s’agit de la dernière option possible avec un espoir de pouvoir, à tort ou à raison, redresser la situation. La perception de cette démarche est toutefois négativement teintée aux yeux du public, et erronément associée à la fraude. Bien que cela soit rarement le cas, quelques cas d’importance ont souvent éprouvé l’imagination par des schèmes rocambolesques.

Ainsi, en 1997, Bre-X a falsifié des échantillons miniers pour annoncer la découverte d’or dans leur mine. Ces derniers étaient faux et cette annonce a causé l’effondrement de leur valeur boursière, qui était montée jusqu’à 280$ l’action.

En 2001, Enron a fait la une avec une faillite de 65 milliards à la suite de fausses représentations comptables. Un scandale similaire a emporté la compagnie Nortel en 2009.

Un système nécessaire

Ces cas sont exceptionnels et ce sont eux qui font mauvaise presse à un système qui est absolument nécessaire à toute société démocratique. Le risque entrepreneurial est réel et les conséquences d’un échec sont dévastatrices, malgré la possibilité de se retirer. Il est donc nécessaire de conserver cette possibilité, autrement la vie complète d’un individu peut en être affectée définitivement. Un travailleur ne peut être indéfiniment puni pour une erreur, omission ou tout simplement des circonstances hors de son contrôle.

Ici, ce n’est pas le système d’insolvabilité qui est en cause. Il est important de distinguer l’insolvabilité, qui en est le résultat, et la fraude, qui en est la cause. Dans ce contexte, les conséquences mènent directement à des accusations criminelles. Malheureusement, ces dernières n’aident pas la récupération des investissements, mais comme toute victime de crime, il n’a pas de retour en arrière possible et la compensation se compte en années de prison. Les deux concepts doivent donc être détachés l’un de l’autre.

Conclusion

Pour aller un peu plus loin sur les sujets abordés aujourd’hui, n’oubliez pas de prendre connaissance des capsules hebdomadaires, qui seront diffusées les mercredis sur l’ensemble des plateformes numériques, LinkedIn, Twitter et Facebook d’Unicorne et d’Ère d’Entreprise en plus de ma page personnelle LinkedIn à l’adresse évolutionentrepreneuriale.

Les sujets abordés dans les quatre prochaines semaines seront : l’expertise nécessaire lors d’une restructuration, la reconstruction professionnelles et personnelles, et finalement, les indicateurs annonciateurs d’un bouleversement qui sera en ligne le 22 septembre prochain.

Le prochain épisode visitera les entreprises centenaires. Est-ce que l’entreprise a une espérance de vie? La longévité est-elle synonyme de succès et d’invulnérabilité?

Merci d’avoir partagé ces moments avec moi. Je vous rappelle nos adresses : èredentreprise.ca et cestmaintenant.ca. On se revoit le dernier vendredi du mois prochain, soit le 24 septembre.